Les jeunes agriculteurs Camerounais se débrouillent sans financement bancaire

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Au Cameroun, les agriculteurs se démènent comme ils peuvent sans pouvoir compter sur des appuis financiers quelconques. Ils ne disposent pas de fonds pour faire de l’agriculture ni pour faire fructifier leur production.

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Financements bancaires : essentiels pour le développement de projets ?

Le jeune Bakari Tata, à 28 ans, vient d’obtenir un financement d’un million de Fcfa en septembre dernier. Avec ce fond, il a pu faire de la production de tomate en utilisant une surface agricole d’un hectare. Il est tout de même content d’avoir obtenu ce crédit, même si cela ne valait qu’un peu plus de 30 % du crédit dont il a fait la demande auprès de la banque.

Au Cameroun, beaucoup de jeunes agriculteurs comme Bakari connaissent des problèmes dans la sollicitation de crédit.

Afin d’augmenter sa production, William Mouachi Kameni, un autre agriculteur âgé de 34 ans, voudrait se doter d’un tracteur. Cependant, tout ce qu’il a fait jusqu’ici dans le cadre d’une demande de crédit auprès de son organisme bancaire demeure sans résultat positif. Selon lui, la banque demande en échange d’un financement des garanties, telles qu’un titre de propriété, mais malheureusement, il n’en a pas.

Réaliser les projets sans aide financière

A 29 ans, Francis Herman Kambang produit du soja dans le côté Est du pays, à Nguelemedouka. Il est dans la même situation que William. A défaut de toute aide financière pour se procurer un tracteur, il fait ce qu’il peut pour faire sa production sur une surface de 3 hectares dans une zone de forêt. Selon lui, il aurait pu faire mieux, mais la forêt constitue un obstacle. Le défrichement en zone forestière est difficile à effectuer manuellement avec la présence des grands arbres aux racines qui font obstacle. Il aurait également besoin  d’un séchoir pour préserver ce qu’il produit en saison sèche.

Sans crédits bancaires, les jeunes agriculteurs camerounais se débrouillent par leurs propres moyens. William met désormais la priorité sur la culture de manioc et de patate, à défaut de pouvoir se lancer dans le maraichage, son projet initial. Il déclare que l’avantage réside dans le fait que les tubercules ne nécessitent pas d’investissement couteux pour le traitement phytosanitaire. Avec les revenus issus de la vente de sa récolte, William a pu investir dans le maraichage, lequel requiert des fonds plus importants. Il a déclaré être satisfait, ces cultures lui ayant permis d’avoir rapidement des bénéfices.

Bakari Tata est face à des obstacles du même genre. Ce jeune horticulteur a été contraint de travailler en tant qu’ouvrier agricole afin de pouvoir rassembler les fonds nécessaires pour lancer son propre projet.

Main d’œuvre à titre gracieux

N’ayant pas pu se procurer de tracteur, Francis Herman Kambang s’est fait aider par des bénévoles. Il a expliqué qu’il collaborait avec des femmes de sa localité qui lui apportent leur soutien. Lorsqu’il leur demande de l’aider, elles interviennent dans le défrichement, la récolte ou encore l’entretien du champ.

Martin Nzegang est responsable du département enquêtes et recherches au sein de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs ou ACDIC. Il regrette que ce soit un problème « global », qui concerne non seulement les jeunes agriculteurs, mais également tous ceux qui  ont le souhait de se lancer dans l’agriculture et ce, indépendamment de leur âge. Ce responsable suggère alors une recréation de moyens d’accompagnement des producteurs, estimant que le crédit n’était pas la bonne méthode. Il propose alors les systèmes de subventions.

Il n’est cependant pas question d’accorder des financements à des jeunes lorsqu’ils investissent dans l’agriculture. Selon lui, nombreux sont ceux qui ne font que s’aventurer et qui se servent des fonds pour s’acheter des matériels au, lieu de les investir dans l’agriculture. C’est pourquoi il estime que le mieux est de financer ceux qui ont déjà investi dans le domaine de l’agriculture avec des résultats probants.

S’associer pour la recherche de fonds

Aux limites de Douala, William Mouchi Kameni a montré le nouvel ouvrage d’irrigation qu’il venait d’installer et il en est fier. Il a pu se l’approprier grâce à une somme de fonds obtenus via le programme bas-fonds du Ministère de l’agriculture par l’association de 2 400 000 Fcfa de jeunes agriculteurs appelée « GIC pour l’agriculture, l’élevage et la fabrication du savon au Cameroun » (Aelfacam). Cette association, dont William fait partie, a reçu d’autres dons pour la culture de maïs et de banane plantain.

Dans plusieurs endroits du continent, les agriculteurs sont incités à se constituer en association afin d’obtenir des financements. Lors de la conférence internationale « Les jeunes, l’agriculture et l’alimentation : l’avenir du secteur agroalimentaire en Afrique », le conseiller spécial du ministre de l’Alimentation et de l’agriculture du Ghana, Sam Dapaah, a émis son souhait de voir les jeunes agriculteurs se grouper en associations agricoles pour que des crédits groupés leur soient accordés par les banques, au lieu de tenter des obtentions de crédits à titre individuel.

A Accra, au Ghana, une rencontre a eu lieu les 19, 20 et 21 mars 2012, durant laquelle plusieurs jeunes agriculteurs et experts en agriculture issus des quatre coins de l’Afrique se sont réunis.

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