Procès de Christophe Morat : préméditation et récidive

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Le procès de Christophe Morat a débuté mardi dernier devant la Cour d’Assises des Bouches-du-Rhônes. L’homme de 40 ans qui est séropositif, est accusé d’ « administration volontaire de substances nuisibles » à ses compagnes, et ce avec récidive. Ses actes ont entrainé « une mutilation ou une infirmité permanente » sur l’une d’entre elles avec « préméditation et en état de récidive légale ». Sept femmes, toutes ex-compagnes de l’homme et qui ont eu des rapports sexuels avec lui, sont venues à la barre une à une pour en témoigner dont les cinq se sont fait parties civiles. La préméditation était la première question mise en cause, ainsi que la récidive, d’où le renvoi devant la Cour d’Assises par le tribunal correctionnel. Il faut rappeler que Christophe Morat a déjà écopé des mêmes accusations par le passé.

Ces femmes ont eu une relation intime plus ou moins longue avec l’accusé, entre quelques semaines et plusieurs années, de 2009 à 2012. Christophe Morat quant à lui, a toujours su qu’il portait le virus du Sida et l’a sciemment dissimulé à ses compagnes, tout en ayant avec elles des rapports non protégés. Seule sa dernière compagne a été contaminée par le virus, les autres ayant été exposées mais se sont avérées séronégatives après un test de dépistage. Chacune d’entre elles a déposé une plainte contre lui.

Chaque relation a été disséquée devant la cour pour définir s’il y a eu préméditation ou non, et si l’homme a agi en toute conscience. La première a avoir témoigné fut sa compagne de 2008 avec laquelle il n’est resté que deux mois ; la jeune femme avoue être tombé amoureuse d’un homme charmeur. S’il y a bien eu des rapports vaginaux, l’avocat de la défense a tenu à souligner qu’il n’y a jamais eu d’éjaculation. C’est sur internet qu’elle a appris la précédente condamnation de son mari pour une peine de 6 ans de prison et les causes. En réponse à ses interrogations, son amant lui a seulement conseillé de faire une prise de sang qui se révéla négative. Sa plainte n’a pas eu de suite jusqu’à ce qu’une autre compagne de Morat en dépose à son tour trois ans plus tard. Ces deux plaintes pour le même motif ont conduit à l’arrestation du « passeur de sida », comme l’appellent les médias.

Christophe a toujours menti à ces maitresses. A certaines, il affirmait être allergique au latex tandis qu’il rassurait les autres avec l’absence d’éjaculation. La benjamines des plaignantes s’est effondrée en larmes à la barre, son ancien amant lui ayant déclaré qu’un préservatif ne servait à rien. Pour se défendre, l’homme prétend avoir toujours espéré qu’elles ne soient pas contaminées, pleurant même de bonheur quand elles venaient lui annoncer qu’elles n’avaient pas le virus. A la question sur la raison de ses actes, Christophe Morat répond qu’il ne le sait pas lui-même, sans doute pas incapacité d’avouer à ses compagnes sa séropositivité. Il nie fermement avoir eu l’intention de transmettre le virus.

Le rapport déposé par le psychiatre, le Dr Christian Jullier, ne joue en tout cas pas en faveur de l’accusé. Ce dernier soutient en effet la thèse de la préméditation en ayant relevé chez lui une tendance certaine à la manipulation ainsi qu’à vouloir se venger de son propre état de séropositif qu’il juge injuste. Une thèse que les avocats de la défense contestent vivement, déplorant le fait que cette nouvelle théorie de vengeance n’ait pas été discutée préalablement à l’instruction alors que c’est le fondement du débat. Une nouvelle expertise par un autre psychiatre est réclamée.

Affaire à suivre…

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