Comment certains pays comptent-ils tourner l’embargo russe à leur avantage ?
A l’instar de l’Egypte, certains pays cherchent à profiter de l’embargo russe. En effet, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi saisit l’occasion, au cours de cet embargo, de percer dans le marché de produits alimentaires vers l’Occident. Moscou étant en situation d’embargo concernant les denrées alimentaires, les pays en pleine émergence ne veulent pas rater cette occasion de gagner en position dans le commerce en Russie.
La Russie étant frappée d’embargo sur les produits alimentaires d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Australie, les pays émergents saisissent cette chance de se positionner sur le marché.
Egypte : principe du gagnant/gagnant
Entre la Russie et l’Egypte, les rapports semblent avoir toujours été fondés sur le principe donnant/donnant. Vladimir Poutine, président russe, a tenu une conférence de presse après le sommet de la semaine précédente à Sotchi. A cette occasion, il a annoncé d’une coopération active avec l’Egypte en matière d’agriculture, d’où 90% des produits sont importés. Il ajoute que l’Egypte a déjà fait croître sa production de 30% et que cette croissance continuera. Inversement, davantage de blé de Russie sera exporté vers l’Egypte.
Par ailleurs, Moscou commercialisera ses armes militaires d’une valeur de 2 milliards d’euros et les firmes russes pourront se lancer dans des investissements en Egypte dans divers domaines : pétrole, or, gaz…En outre, La Russie projette d’appuyer le projet égyptien pour le nouveau canal de Suez.
Turquie : tirer tous les avantages de l’embargo
La Turquie figure également parmi les pays qui souhaitent tirer profit de l’embargo de la Russie. Ahmet Ozer, vice-président de l’assemblée générale de la chambre de commerce à Istanbul, a confirmé dans le Wall Street Journal que l’embargo était en tout point positif et que la Turquie devait profiter de cette opportunité pour faire en sorte que tous les produits soient exportés vers la Russie.
C’est une occasion rêvée pour Ankara qui connait une balance commerciale négative par rapport à Moscou. Le déficit pourrait ainsi être rattrapé grâce à l’exportation de fruits et légumes ou encore de produits laitiers.
La Chine : être moins dépendante du Golfe
La Chine peut aussi trouver son avantage dans cet embargo. Selon Shen Danyang, porte-parole au ministère du commerce, la Chine peut étendre son marché en produits agricoles grâce à l’exportation vers la Russie. Il ajoute que la Chine voudrait renforcer les liens économiques avec la Russie et instaurer un environnement favorable pour développer une coopération bilatérale dans de nombreux domaines d’activités (agriculture, énergie, haute technologie…). En échange, la Russie augmentera son volume d’exportation de pétrole vers Pékin, ce qui va favoriser l’indépendance de la Chine par rapport aux pays du Golfe.
Amérique latine : favoriser encore plus l’exportation vers la Russie
Les pays de l’Amérique latine sont déjà en bonne voie en matière d’exportation de produits agricoles vers la Russie. Avec l’arrivée de cet embargo, ils comptent consolider les liens économiques pour faire face à la concurrence. C’est le cas par exemple de l’Argentine, qui a envoyé les mardi 19 et mercredi 20 août derniers une délégation représentant le ministère missionnée pour signer des accords commerciaux avec Moscou. Mais l’Argentine n’est pas le seul pays qui se lance dans une démarche de ce sens. Le Brésil vient de signer un accord avec la Russie concernant l’exportation de viande, tandis que le Chili compte commercialiser en Russie ses produits maritimes.