Assurance vie : pas aussi rentable qu’on nous le fait croire ?
Les résultats d’une enquête sur les rendements de l’assurance vie ont été récemment publiés et surprise, il s’avèrerait que l’assurance vie serait moins rentable que les assureurs nous le font croire.
Une étude signée Stéphanie Truquin
Stéphanie Truquin est l’économiste qui a réalisé l’enquête intitulée « 60 millions de consommateurs ». Elle s’est penchée sur la période allant de 2000 à 2014 et a pris en compte deux éléments retranchés aux taux officiels à savoir :
- L’indice de prix à la consommation hors tabac
- Le taux de prélèvements sociaux en vigueur
Aussi, pour calculer la performance cumulée par un contrat d’assurance vie souscrit en 1999, Stéphanie Truquin a également déduit de l’épargne deux autres éléments :
- Les frais d’entrée qui étaient évalués en moyenne à 2,76% en 2000
- Le taux minimum de prélèvement libératoire qui s’élevait à 7,5 %
La spécialiste n’a donc pas tenu compte des abattements fiscaux même si ces derniers permettent de limiter l’imposition sur la plus-value des fonds en euros.
L’assurance vie
Pour démontrer la rentabilité réelle de l’assurance vie, il faut savoir que depuis le mois d’avril, l’Association française de l’assurance (AFA) a récolté près de 2,3 milliards d’euros. Un montant colossal, mais qui ne signifie rien auprès des 8,8 milliards d’euros récoltés depuis le début de cette année. Avec une telle récolte, on est tenté de croire que l’assurance vie va nous rapporter beaucoup, mais est-ce réellement le cas ?
Moins juteux que ce que l’on nous fait miroiter
Les études ont démontré que l’assurance vie ne serait pas aussi juteuse que les compagnies d’assurances l’affirment. En effet, en 2014, alors que les professionnels du secteur ont annoncé un rendement moyen de 2,5 %, les calculs ont seulement trouvé 1,43 %.
De même, pour la période 2000-2014, là où les assureurs promettaient 5,21 %, les études n’ont trouvé que 1,59 % soit une différence énorme.
D’après ces constats, des fonds garantis sur 15 ans n’auraient rapporté qu’une rémunération cumulée de 24 % et non de 78 % comme on le pense.
Les assureurs, de bonne foi ?
Malgré les chiffres qui diffèrent, la bonne foi des assureurs ne doit pas être remise en cause puisqu’ils ne font que se plier à la norme existante. Autrement dit, ils s’assurent de la publication de la rémunération servie sur leur fonds en euros. Des fonds dont on a déduit les frais de gestion, mais pas les prélèvements obligatoires, l’impôt, les frais d’entrée et l’inflation. Quant à la fiscalité, elle dépend de la situation individuelle de chacun.
Des contrastes enregistrés
Oui, les rendements estimés par les assureurs sont souvent plus hauts que ce qu’il en est réellement, mais le cas contraire peut également survenir. Ainsi, en 2013, alors que les rendements moyens semblaient en baisse constante, leur niveau réel tendait pourtant à augmenter après avoir déduit l’inflation et les autres prélèvements.
Ce qu’il faut avoir en tête c’est que le rendement d’un placement dépend également des bénéfices apportés par les autres produits d’épargne.
Les fonds euros plus rentables que les unités de compte
En 2014, le taux réel du livret réglementé dont les intérêts ne sont pas soumis aux prélèvements sociaux et à l’impôt, mais retranché de l’inflation moyenne était de 0,5 % alors qu’on l’avait estimé à 1,43 % pour les fonds en euros. Il s’agissait donc d’une bonne nouvelle pour les épargnants, mais seulement ceux qui étaient concernés par les fonds en euros.
Du côté des unités de compte, la joie est rarement au rendez-vous puisque de 2000 à 2013, le taux de rendement réel moyen des placements était négatif, -1,10 % par an. Il est vrai que le krash boursier de 2008 n’est pas étranger à cela, mais il n’est pas le seul responsable. Guillaume Prache, délégué général de Better Finance pointe aussi du doigt le montant des frais qui sont trois à quatre fois plus élevés que pour les fonds en euros.
De ce fait, les fonds en euros sont plus rentables, mais dans les deux cas, Stéphanie Truquin recommande à tous les souscripteurs de négocier le plus possible les frais d’entrée.
Pour Guillaume Prache, vivement l’entrée en vigueur du règlement européen Priips (Package Retail Investment Insurance Product), car ce système obligerait les distributeurs d’assurance vie à afficher la totalité des frais prélevés sur l’épargne investie en unités de compte.