Italie : un marché secondaire pour les crédits en souffrance
Après des mois de sur-place, Rome a finalement pris une décision qui laisse le monde perplexe. En effet, elle souhaite accélérer les procédures de faillite et l’amortissement des pertes sur créances douteuses. Elle a même sorti un décret pour légaliser cette procédure. Si le monde entier reste sans voix par rapport à cette décision, l’ABI (Association bancaire italienne) y voit un premier pas vers la relance de l’économie.
Pourquoi une telle mesure ?
Pour l’Italie, ce décret a pour but de simplifier les procédures de faillite pour les entreprises et d’harmoniser les règles de déductibilité des pertes sur créances douteuses avec les autres pays européens. Même si le décret est déjà entré en vigueur, le pays ne compte pas abandonner son projet de structure de défaisance ou « bad bank » qui est encore en cours de discussion avec Bruxelles.
Création d’un marché secondaire
Selon le ministre de l’Economie, Pier Carlo Padoan, le nouveau décret permettra de relancer l’économie du pays et de mettre en place un marché secondaire entièrement dédié aux crédits en souffrance. Globalement, il va favoriser le déblocage du marché du crédit que ce soit aux entreprises ou aux ménages.
Ce que la réforme de la loi sur les faillites induit
La réforme de la loi sur les faillites sera réalisée en faveur des créanciers. Elle vise à réduire la durée de recouvrement des crédits, faciliter les plans de restructuration des banques et ce, grâce à l’accord de la majorité des créanciers.
Elle prévoit également la réduction de la période d’amortissement fiscal des pertes sur créances douteuses. Ainsi, à partir de l’année 2016, cette période ne durera plus que de cinq à un an. Cette mesure est déjà en vigueur au Royaume-Uni, en Allemagne et en France.
Au final, la réforme aura des effets positifs que l’ajustement des bilans des banques qui pourront alors mettre plus de capitaux à disposition des crédits. En ce qui concerne les comptes de l’Etat, les mesures seront bien sûr à coût zéro.
La BCG pour purger les banques italiennes de leurs titres toxiques
Pour que cette nouvelle réforme se déroule sans encombre, la banque d’Italie a confié au BCG (Boston Consulting Group) un mandat d’étude afin de connaître l’utilité d’un véhicule pour mener les opérations de purge des banques italiennes qui ont trop de titres toxiques. Il faut savoir que depuis 2007, les crédits à risque ont quasiment triplé. Ils représentent aujourd’hui 17 % de l’ensemble des crédits des banques de la péninsule alors que dans la zone euro, ils couvrent seulement 8 %. Si les créances douteuses sont seulement réduites de moitié, cela génèrerait entre 1, 5 à 2 points de croissance sur le PIB italien.